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Le chevreuil

  • Photo du rédacteur: Natalia
    Natalia
  • 25 oct.
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 nov.

Voici un article qui est tiré de mon prochain bouquin, sur lequel je travaille pas mal en ce moment.


Je suis à l’orée d’une splendide forêt, où plusieurs espèces de mousses recouvrent le sol d’un tapis vert, parfois virant au bleu sous l’ombre bienveillante des sombres épicéas. Ceux-ci chamaillent le terrain aux solides hêtres, et à quelques érables ponctuant le flanc de la montagne. La mousse grimpe sur les troncs, pendant parfois de quelques branches, leur donnant l’air étrange d’être vêtus pour une occasion spéciale.


Le calme des arbres m’offre une douce satisfaction. Les chants des oiseaux, le souffle du vent dans les branches, le cliquetis d’un ruisseau non loin, quelle paix !


Alors je le vois. Un chevreuil, une patte ensanglantée coincée dans un piège à mâchoires, oscillant entre la peur et la douleur. Là, le sol n’est plus un magnifique tapis bleu et vert. La mousse piétinée a laissé place à une boue rougie du sang de l’animal.


Mon cœur n’a qu’une envie : le libérer. Se précipiter, et le libérer. Pourtant, alors que j’approche, le chevreuil panique. Il commence à se débattre, aggravant douloureusement sa blessure.


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Je m’arrête. Quelle douleur de le voir ainsi ! Je murmure de ma voix la plus douce :

- Je ne veux que t’aider.


Il est incapable de comprendre mes mots, ou mes intentions. Si je m’approche encore, il risquerait de s’arracher la patte, et il serait condamné. Alors je m’assois où je suis, sur le tapis bleuté de mousse, déterminé à attendre que ce chevreuil s’habitue à ma présence, à ma voix, et qu’il accepte que je m’approche.


J’attendrai le temps qu’il faudra. Je ne le laisserai pas dans sa douleur. Je lui parlerai jour et nuit, jusqu’à ce que la peur laisse place à la paix. Et je ne me contenterai pas de le libérer : je soignerai sa blessure, avec autant de douceur qu’il lui faudra.


En le regardant souffrir inutilement, je vois la rage et la peur dans ses yeux jaunes. L’ombre du désespoir, par instant. Mes yeux percent les siens. Alors je la vois. Sous la terreur, sous la douleur, enfouie au plus profond de lui-même : la joie, la paix, la vérité. Elle est là, d’un bleu azur, pur et sans tache. Je n’ai qu’à la libérer.


Je m’approche légèrement.   

- Ne t’inquiète pas : ce n’est qu’une question de temps. Je suis là.

 

Natalia, impératrice des métaphores de forêt


PS - le chevreuil, c'est toi hein !


 La vidéo correspondante ici.


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